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Deux tiers de la forêt privée ne sont pas prêts au changement climatique

Le puits de carbone qu’est la forêt française se rapetisse à cause du changement climatique, de la sécheresse et des scolytes.

Une mission interministérielle recommande de revoir la gestion de la forêt privée, morcelée chez 3,5 millions de propriétaires, pour enrayer le déclin de ce puits de carbone.

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Le puits de carbone qu’est la forêt française se rapetisse : après avoir régulièrement augmenté depuis l’après-guerre pour atteindre 62 millions de tonnes de CO2 en 2010, il ne représente plus que 31 millions de tonnes de CO2 en 2020. La France n’est pas la seule dans ce cas. La République tchèque voit même sa forêt devenir une source de carbone. Un comble !

Cette chute s’explique par une baisse de la croissance des arbres du fait du changement climatique ainsi que par un dépérissement par manque d’eau et d’attaques sanitaires. « Un renouvellement important de la forêt française doit être enclenché pour l’adapter au climat de la France à l’horizon de 2100 », s’alarment dans un rapport du 3 avril 2024 trois organismes de conseil internes à trois ministères (IGF pour les Finances, Igedd pour l’Environnement et CGAAER pour l’Agriculture).

Morcellement

Les trois quarts de la forêt en France sont aux mains de propriétaires privés. Cette superficie est particulièrement morcelée : les 13 millions d’hectares concernés sont détenus par près de 3,5 millions de propriétaires. Chacun possède donc en moyenne un peu plus de trois hectares. La plupart des propriétaires n’ont pas pour objectif la rentabilité économique. Ils l’envisagent plutôt comme un patrimoine et un espace de liberté.

Cela dit, 60 % de la production de bois d’œuvre et d’industrie sont concentrées chez les propriétaires de plus de cent hectares qui représentent 30 % des surfaces. « Ces éléments montrent l’intérêt de regrouper les petites forêts privées afin de constituer des unités de gestion durable de taille suffisante, au moins cent hectares », jugent les auteurs du rapport. Ils trouvent cette solution plus efficace que le remembrement. Actuellement, seulement 27 % des superficies de forêts privées bénéficient d’un document de gestion durable (plan simple de gestion, code de bonnes pratiques sylvicoles, règlement type de gestion ou certification forestière). Les forêts publiques, quant à elles, sont presque intégralement couvertes par de tels documents.

Gestion durable

Les auteurs du rapport déconseillent de rendre ces documents obligatoires pour des propriétés de moins de vingt hectares. L’accroissement des coûts de gestion ne pourrait pas être valorisé sur le marché du bois, inaccessible pour eux, du moins dans des conditions satisfaisantes.

En revanche, ils proposent de renforcer l’animation territoriale en ce sens en recrutant deux techniciens dans cinquante départements prioritaires afin de créer au moins cinq à huit associations syndicales de gestion forestière. Les techniciens apporteraient leur aide à l’élaboration des plans simples de gestion.

Cinq actions

Pour adapter la forêt au changement climatique, les auteurs de ce rapport ont identifié cinq actions à mettre en œuvre de manière parallèle :

• Intégrer les enjeux du puits de carbone dans les outils de politique publique forestières, dont les schémas régionaux de gestion sylvicoles ;

• Boiser les terres délaissées et reboiser les forêts détruites par un incendie, une tempête ou une attaque de parasites ;

• Mettre en gestion durable les propriétés forestières de plus de vingt hectares ;

• Inciter les propriétaires de moins de vingt hectares à regrouper leur gestion ;

• Mettre le sujet en débat public afin de faire prendre conscience de la question chez tous les acteurs concernés.

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